L’aventure
L’aube du solstice reprend le fil d’une proposition artistique de Reno Salvail : telle une course à relais intergénérationnelle dont le bâton-témoin est Le solstice des baleines. C’est par hasard qu’Alain Lefort découvre ce texte. Fasciné, il décide de recréer l’œuvre à sa manière. Il s’engage alors dans une recherche du fabuleux, une aventure magique de lumières s’achevant sur un stupéfiant instant de grâce.
À l’origine
En 1994, Reno Salvail publie Le passage de la Grande ourse, un carnet de voyage et recueil de réflexions sur l’art contemporain. Parmi les textes se trouve Le solstice des baleines. Salvail y décrit les étapes de réalisation d’une œuvre constituée de quatre miroirs concaves, montés sur autant de tours, installées sur des îles équidistantes au large de Baie-Sainte-Catherine. Au matin du 23 juin 1994, jour du solstice d’été, les rayons du soleil se reflètent sur les coupoles et forment un carré lumineux, ce qui déclenche la diffusion sous-marine de chants de baleines. Exaltée par les sons émis, une confrérie de cétacés entreprend une chorégraphie spectaculaire. Salvail photographie et filme la prestation mais son bateau chavire et la documentation est détruite par les eaux. À ce jour, il ne reste que le témoignage de l’artiste pour attester de l’existence de cette œuvre hors du commun.
Qui est cet homme qui crée des œuvres éphémères au milieu du fleuve Saint-Laurent ? Artiste multidisciplinaire de la région de Québec – aventurier, globe-trotter, professeur, activiste écologique – à soixante-douze ans, Salvail vit à l’Île d’Orléans, au côté de l’immensité du fleuve qu’il a tant célébré. Alain Lefort lui rend visite. Acceptera-t-il de livrer ses secrets ?
Un projet multiforme
L’aube du solstice est un projet multiforme mené par Alain Lefort, en collaboration avec Etienne Desrosiers, Yannick Marcoux et Zoé Gagnon-Paquin. Ensemble, ils emmagasinent un maximum de traces afin de relater le passage de l’œuvre écrite à sa réalisation.
Le projet raconte l’investigation sur l’œuvre et la reconstitution de l’installation in situ de Salvail, pour le solstice de juin 2023. À ce moment, une performance devant public clôturera le projet.
Les chroniques, rédigées par Yannick Marcoux, offrent un regard parallèle sur le développement et la réalisation de l’œuvre.
Un film documentaire, prenant la forme d’une enquête, s’ouvre sur plusieurs thèmes. Réalisé par Etienne Desrosiers, il explore la relation entre l’élève et son maître, la sauvegarde des espèces, la nature mystérieuse, le surnaturel et la technologie.
Zoé Gagnon-Paquin produit une série de création sonore et documentaire. Distribuée sous forme de balado, elle permet de suivre le cheminement artistique d’Alain Lefort, qui est reconstitué au fil des épisodes. On y découvre les doutes et les questionnements de Lefort et Desrosiers quant à l’authenticité de l’œuvre de Salvail. Ainsi, le balado est une façon pour le public de marcher sur les traces des artistes.
Une exposition d’œuvres photographiques retrace l’avant et l’après du tumulte aquatique activé par la performance des baleines. Lefort propose une série d’images marquées par la quasi-absence de matière. L’expérience de l’exposition est bonifiée par l’ajout d’éléments sonores agissant en symbiose avec les œuvres visuelles.
Une quête de l’impossible ?
L’aube du solstice témoigne de l’engagement des artistes dans le délire de la création. L’œuvre est un geste instinctif répondant à l’absurdité d’un projet fou, tel un hommage à Werner Herzog et son Fitzcarraldo, le conquistador de l’inutile. Elle nécessite de s’adapter à l’évolution des valeurs sociétales et de méditer sur le rapport de l’humain à la nature.